Caroline BIBARD
Interview

Le temps d’un café avec Emmanuel Chila

Emmanuel Chila était entre deux sessions de formation sur la prise de paroles à Dunkerque. Au milieu de ces sessions, il a gentiment accepté et pris le temps de me rencontrer. C’est autour d’un café dans un restaurant dunkerquois que j’ai eu la chance de pouvoir lui poser mes questions. Adepte de ses podcasts “La Manutinale” et de son livre “Et si j’écoutais avant de parler”, il me tarder d’en connaître davantage sur son parcours, sa vision, son livre et ses projets.

Il nous a livré, tout au long de cet échange, des anecdotes et conseils et tout cela, avec beaucoup d’humour et de sérieux !

Caroline Bibard — Peux-tu nous parler de ton parcours ?

Emmanuel Chila – Si je dois te parler de mon parcours, qu’est-ce que je peux te dire ? Dunkerque, Dunkerque, Dunkerque, Dunkerque. [Rire] C’est la même chose que toi tu vois. Je suis un enfant de Jean Bart, en fait, je viens de Grande-Synthe à la base. Après, j’ai fait toute ma scolarité à Dunkerque, j’ai fait un DUT TC à l’ULCO. J’étais pas très très bon à l’école à la base, mais, je trouvais ça bien parce qu’il fallait vendre, parler avec les gens, négocier. Et j’avais une appétence là-dessus plus qu’une compétence.

Après mes études, j’ai travaillé directement. J’ai travaillé 1 an à Adidas en Factory outlet à Calais. Je travaillais ça vraiment cool. Ça me permettait de mettre en application et ça me permettait de faire des sous. Moi, je voulais travailler chez Adidas au siège en marketing. Et, j’ai eu un formateur qui est venu et qui m’a dit une fois « Manu, tu sais si t’as pas fait une grande école, ça marchera pas. T’as pas assez. ». C’était dur, mais, en même temps, c’était vrai.

Donc, je suis retourné à l’école, j’ai fait une licence à l’ULCO. Et ensuite, après ça, je m’ennuyais donc j’ai dit « Je veux partir ». Et je suis parti, mon prof en fait, Monsieur KOUDOKOU, qui est connu à Dunkerque, m’a permis de partir au Québec, en fait, faire mes études françaises et, en même temps, faire mes études au Québec. Donc j’ai fait une spécialité en marketing.

Il a joué un rôle de mentor en fait.

Ouais, c’est encore mon mentor aujourd’hui. Il m’a accompagné. Il a su me donner les bons conseils. Et quand il m’a fait partir, il m’a dit : « Vas-y ». Et ce qui est bien quand tu vas là-bas et que t’es étudiant français, c’est que ça te permet de pouvoir prendre autant de cours que tu veux. Là où les cours sont payants là-bas, toi tu peux les prendre et en fait, c’est dans le cadre de ton étude.

Donc, j’ai pris tous les marketings possibles : marketing de service, marketing numérique, politique de marketing, marketing de commerce international. J’ai tout fait et en même temps, je me suis intéressé à d’autres domaines que j’aimais beaucoup. La comm’ en termes de prise de paroles, en fait, et en journalisme et de l’autre côté, le numérique.

Quand j’ai fait ça et que j’ai terminé ça, je suis rentré en France. J’ai fait mon stage d’études, c’était cool. J’ai travaillé en intérim. On m’a proposé un poste. J’ai pris le poste, j’ai arrêté parce que je voulais retourner à l’école.

Je suis retourné à l’école et là, je suis reparti au Québec, parce que j’aimais trop là-bas. J’ai refait ma deuxième année de master là-bas. Ça s’est super bien passé. J’ai postulé pour aller faire mes cours là-bas. En fait, je voulais faire une MBA. Je suis rentré en MBA en commerce électronique. J’ai fait une demi-année, mon papa est tombé malade donc j’ai dû rentrer en France.

Et ensuite, j’ai eu la chance de rentrer à la ville de Dunkerque, au cabinet du maire où je me suis occupé, en fait, de la stratégie digitale de la ville de Dunkerque pendant les premières années. Mais tu sais, c’était encore au début de Facebook et des réseaux. C’était vraiment cool, c’était bien.

Tu as pu voir l’émergence.

Ouais, ouais, j’ai vu l’émergence. J’ai vu l’émergence du bon et du mauvais en termes de commentaires et tout.

Parce qu’il y a un bon et un mauvais. [rire]

Ouais [Sourire], y’a un bon et un mauvais dans les réseaux sociaux. Le bon, c’est ce qui te permet d’échanger, d’apprendre, de partager. Le mauvais, c’est tout le côté négatif, c’est-à-dire les fake news, les gens qui critiquent sans pour autant en savoir plus et… le harcèlement que tu peux avoir.

Après ça, j’ai travaillé à la CUD. Là, je me suis occupé de DK 2013. C’était le portail culture. Et après ça, en fait, ça faisait un petit moment que ça me trottait, mon poste s’est arrêté et j’avais le choix entre partir à Paris, travailler dans une agence de comm’ ou créer ma boîte.

En gros, je me suis dit : « Bah, ça fait un moment que j’ai envie, vas-y fais-le ». Dans ma boîte, j’avais pas un angle, j’en avais trois. J’avais la prise de Paroles, et les médias sociaux, tu sais, et j’avais une appétence pour la vidéo. Et donc, ça fait que j’ai fait ça.

Et depuis, maintenant 7/8 ans, j’ai créé Wayta.

Pourquoi et pour qui Wayta ?

Pourquoi Wayta, parce que le nom c’était « What are you talking about? ».

En fait, c’est un acronyme, ça veut dire : « de quoi tu parles ? ». Parce que moi, en fait, tout se résume à ça. C’est-à-dire que le plus gros problème des gens, c’est la communication. Que ça soit dans les réseaux sociaux, que ça soit dans la prise de parole, c’est souvent en fait qui gêne. Et donc, mon but c’était de pouvoir simplifier, de vulgariser, d’amener les gens à prendre conscience. Et donc, dans mon activité, j’ai fait ça.

Alors, je l’ai fait au départ, je travaillais en école, à l’université et dans des écoles à Paris à PP. Parce que je trouvais ça intéressant pour les élèves, tu sais, parce que je pense que c’est eux les plus importants. Après, j’ai travaillé dans des entreprises, en fait, d’en le Nord, on a beaucoup de belles boîtes. Et j’ai eu la chance de croiser la route de personnes de Décathlon, de personnes de Leroy Merlin, de personnes d’ADEO.

Et donc, ces personnes-là m’ont ouvert les portes de ces entreprises. D’ailleurs, je les remercierai toujours. Et j’ai pu commencer à avoir mes premiers gros clients, en fait, pour pouvoir me lancer.

Ça a été hyper enrichissant, challengeant parce que t’as de vraies problématiques. Et depuis, j’ai toujours ces clients-là, j’en ai des nouveaux qui se sont rajoutés. J’ai eu la chance de travailler avec Orange. J’ai travaillé avec ODDEFY, plein de boîtes qui ont des groupes un peu partout. Et ça a été super.

Maintenant, mon activité à changer aussi, parce que tu le sais, en tant qu’entrepreneuse, souvent ton activité pivote un petit peu. Et en soi, aujourd’hui, je fais encore des réseaux sociaux, mais je prends beaucoup moins de plaisir.

Donc que je fais parce que je dois le faire, mais c’est pas mon plaisir. Par contre, la prise de parole a pris beaucoup de place pour moi. Enfin, du moins, la communication avec l’autre.

Après, c’était peut-être un petit peu le petit truc, la petite étincelle… [Sourire]

Bah c’est ça, [Sourire] c’est la petite étincelle qui m’a donné envie. Et c’est surtout, que je pense que je ne pourrai pas faire de la comm’ aujourd’hui comme je l’ai fait si j’avais pas eu toutes mes expériences. Tu sais, souvent on se dit : « Ah ouais, mais, moi je fais quelque chose, mais ça a rien à voir avec mon futur projet ou ça a rien à voir avec mon métier d’aujourd’hui. ».

Et ben, il faut pas se dire ça en fait. Il faut se dire que chaque expérience que t’as, même si elle a rien à voir, à un moment ou à un autre, elle va te servir. Elle va réussir à changer la donne, changer ta manière de voir les choses ou, elle va t’apporter quelque chose que les autres auront pas. Et donc, de ce fait-là, ça sera super.

Et donc, aujourd’hui, je veux juste réussir à le faire par le biais de la prise de paroles. C’est-à-dire aider les gens à exprimer leurs idées, aider les gens à être à l’aise quand ils prennent la parole, ou tout simplement, qu’ils prennent plaisir.

Et c’est là où c’est important. Pour dire que souvent, dans mon métier, moi quand je viens, c’est parce que les gens sont pas à l’aise en fait, il voit pas la prise de parole comme quelque chose qui est agréable tu vois. C’est « Je le fais parce que je dois le faire ».

Moi, ce que je veux à la fin, c’est que les gens prennent conscience en 1 de leur talent, et en 2 qu’à chaque fois qu’ils doivent parler, et ben, que ça soit un plaisir. Si j’ai réussi à faire ça, j’ai réussi mon métier, tu vois. C’est ça le but, voilà.

Et moi, dans le cadre des réseaux sociaux et de la vidéo, ben ça m’a apporté plein de choses. Une vision, une manière de partager avec les gens, ça m’a apporté des codes comprendre.

C’est le pourquoi.

Voilà !

Et ton livre, parles-en moi un petit peu « Et si j’écoutais avant de parler ».

Ben le livre, en fait, c’est… je ne vais pas dire la finalité. Mais, je cherche le bon mot, tu sais, c’est toujours important, je pense que c’est une conséquence positive de mon activité. En soi, en faisant beaucoup de coaching et de formation, souvent je donne des outils aux gens pour qu’ils puissent mieux parler, pour qu’ils puissent prendre confiance, pour qu’ils réussissent à argumenter.

Et, je me suis rendu compte souvent que malgré que je donne ça, ça ne marchait pas. En fait, ça ne marchait pas non pas parce que les gens savait pas les utiliser. Mais parce que, tout simplement, ils oubliaient une phase qui est hyper importante, qui était : « Avant de pouvoir répondre ou de devoir argumenter, écoute ce que les gens te disent. Parce que si tu écoutes bien, tu seras quoi leur répondre et leur donner la bonne réponse. »

C’est un peu comme si on mangeait à deux, tu vois, on se dit : « Viens en va prendre un café. » Et je te dis : « Tu veux quoi ? ». Tu me dis : « Du café » et je te ramène un chocolat chaud. Tu sais, mais moi, je trouvais que le chocolat chaud, il était bon, donc je te le donne. Ben ça a aucun intérêt parce qu’en fait, j’ai pas répondu à ce dont t’avais besoin.

Et ben, c’est exactement pareil avec l’écoute là-dessus. Je me suis dit qu’il était important de faire un livre pour expliquer aux gens : « Qu’est-ce qu’il faut aujourd’hui ? » On n’est pas capable, en fait, aujourd’hui d’écouter. Qu’est-ce qu’il faut aujourd’hui que quand tu m’écoutes là actuellement, et ben il est possible que même t’es envie, tu décroches.

Parce que peut-être, à un moment, je vais te parler de quelque chose et ça va te faire penser à quelque chose dans ta tête. Parce que t’es pressée par le temps. Parce que, peut-être, dans ce que je vais dire, toi, tu as une une mauvaise expérience et de ce fait-là, tu vas la prendre en compte et donc arrêter d’écouter la manière dont je vais parler. Y’a plein de choses.

Y’en a qui sont volontaires, d’autres involontaires. Et t’as ce qu’on appelle des biais cognitifs qui eux sont des choses que t’as dans ta tête, mais qui viennent pas de toi, qui viennent de ton enfant, tes croyances et tes jugements.

Et donc, le livre, le but c’était de dédramatiser, de permettre aux gens de pouvoir leur faire comprendre quelles étaient les erreurs d’écoute et surtout, comment mieux apprendre à écouter. Alors, je révolutionne pas les choses dans le livre tu sais. Je dis des choses qu’on sait tous, mais qui sont importantes de pouvoir redire pour que, tout simplement, tu puisses les mettre en place tout le temps.

Et pour l’instant, ça à l’air de bien marcher, les gens étaient contents donc, ça me va bien [Sourire].

Pourquoi le concept de oneman conf’ show pour ton spectacle « Allez vous faire communiquer » plutôt qu’une conférence classique ?

C’est marrant comme question parce que déjà le mot, tu vois, il est marrant parce que tu dis « Oneman show », mais tu dis pas « Oneman conf’ show ».

En fait, ce qui se passe c’est que dans mon expérience, moi, on m’a toujours dit : « Soit t’es humoriste, soit t’es conférencier. Et en fait, les deux vont pas ensemble. Parce que soit tu fais rire les gens, soit tu leur apprends quelque chose. » Sauf que… pour moi, c’est pas possible de faire ça. Je peux pas faire apprendre quelque chose aux gens et pas les faire rire à un moment. Parce que pour moi, l’humour c’est un des leviers qui me permet de pouvoir plus facilement toucher les gens. Ça et le fait de raviver des histoires.

Et donc, je me voyais pas, en fait, dire : « Ben je vais faire une conférence ». Donc ben, je me suis dit : « Ben Manu, tu vas essayer de mélanger les deux. Essayer de raconter ta vie, raconter des histoires, mettre de la théorie dedans, pour que ça parle plus aux gens et qu’ils le mémorisent plus facilement. »

D’accord, donc tu voulais toucher les cœurs. [Rire]

Toucher les cœurs et l’esprit ! [Sourire] Attention, les deux mélangés, c’est important.

Je veux apprendre aux gens en fait. Tu sais, quand j’étais à l’école, quand j’étais plus jeune, mes potes me disaient qu’en gros, on pouvait pas faire les deux. C’était : « à un moment, Monsieur Chila, il faudra être sérieux. » Et tu sais, ça m’a choqué parce que je me suis dit : « Ben, je suis sérieux, mais en soi, j’ai le droit de rire en fait. »

Et quand je suis allé au Québec, j’ai fait la même chose et la personne m’a dit : « Monsieur Chila, vous pouvez nous faire rire, mais sachez juste de doser ce que vous dites. » Et donc, j’ai bien compris à ce moment-là que tu peux utiliser l’humour à partir du moment où t’es capable de le mélanger à ce que tu sais. C’est pas pour ça que je suis pas sérieux et tous les gens qui me connaissent et à qui tu pourras parler, ils vont dire : « Non, Manu, il est compétent. » Mais, j’utilise l’humour pour pouvoir le faire c’est tout.

Ton déclic.

C’est ça, exactement.

D’après toi, qui sont les amateurs de ton Podcast « La Manutinale » ?

Wouhaou ! Ça, c’est une… Ben déjà, les gens qui aiment les Podcasts. [Rire] Non, le deuxième, je sais pas, je pense que c’est toute personne qui est curieuse, en fait et qui a envie de passer un petit bon moment d’accord. En soi, dedans, j’ai envie de dire que c’est des gens qui ont envie de s’intéresser à eux, à leur manière de communiquer, qui aiment bien lire. Des hommes, des femmes, de tout âge ! Qui se posent des questions, alors je ne vais pas dire existentielles, mais des questions qu’on se pose tous un jour dans notre vie. Des entrepreneurs, parce que les thématiques que j’aborde parfois à l’intérieur sont des thématiques que tout entrepreneur a déjà vécues au moins une fois.

En fait, toutes les personnes qui ont envie de sourire et de se faire du bien.

Et ben, je me dis tout le temps que le podcast, il doit plaire à tous. Aussi bien, moi je prends ma famille, je me dis que ma mère pourrait l’écouter parce qu’elle va trouver des références de bouquins, des petits conseils, des petites histoires. Ma sœur pourrait l’écouter, parce qu’elle se pose des questions sur elle-même. Et mes amis pourraient l’écouter parce que dedans, en fait, le ton est léger. Et qu’en soi, t’as plus l’impression que je te parle comme si on était en train de prendre un café comme maintenant. Comme dans ton blog et dans tes interviews qui vont arriver. Que réellement un podcast très guindé où je suis le sachant et tu es la personne qui m’écoute tu vois.

C’est bien résumé, c’est comme ça que je l’ai ressenti. Alors, quels sont tes projets ?

Alors en secret… [Chuchotement – Rires] Qu’est-ce que je peux te dire comme projet…

Ben y’a l’écriture du second bouquin qui arrive. Je peux pas encore dire le thème parce que je dois le garder secret. Mais c’est la suite en fait, de « Et si j’écoutais avant de parler ». C’est-à-dire que pour moi, on a parlé d’écoute, ben maintenant, on va parler de la suite. C’est-à-dire de communiquer avec l’autre. Ça c’est mon projet qui devrait se terminer. Je suis en pleine écriture et, normalement, je le termine cette fin d’année. Il sortira l’année prochaine.

C’est un projet qui me tient à cœur. Parce que c’est de permettre de donner des outils aux gens, pour réussir à se faire comprendre et, à comprendre pourquoi les idées ne sont pas comprises par les autres. Genre, c’est un peu comme si, je te donne un comparatif, tu sais, on parle la même langue, mais pas vraiment. En fait, quand tu parles à quelqu’un qui est anglais, tu sais que tu dois faire l’effort de parler en anglais pour qu’il te comprenne. Et en français, en fait, quand on parle, on pense que comme on parle, les gens comprennent. Et en fait, on devrait faire le même effort pour les personnes à qui on parle en français, parce qu’elles ont besoin de certaines choses. Ça, c’est le premier projet.

Et le deuxième, il vient après, « Aller vous faire communiquer » c’était le spectacle 1 et donc, tu te doutes qu’il va y avoir un n° 2 qui va arriver et qui est la suite. Et qui va être pareil, dans le même registre, de l’humour mélangé avec de la formation et qui tournera encore une fois autour de la communication. C’est-à-dire des bonnes pratiques pour les gens, des comportements qu’on doit tous avoir ou tous changer pour essayer de mieux communiquer avec l’autre et lui apporter ce qu’on peut toujours.

Et à côté, de la formation, mon activité globale de formateur. Et puis, profiter de ma famille, c’est important aussi dans mes objectifs [Rire].

Mais c’est bien que tu le mettes dans tes projets.

Ouais, c’est un grand projet ! C’est un projet de vie.

Un grand merci à Emmanuel Chila pour le temps accordé ! Si cet article t’a plus, n’hésite pas à m’en faire un retour sur les réseaux sociaux et à le partager !